Une équipe de flics navigant en eaux troubles décide de laver l'honneur de leur chef de groupe - s'étant suicidé après les accusations de violences policières d'un suspect - en plongeant de plus en plus profondément dans la compromission. Au risque d'y perdre leur âme, leur vie, leur liberté.
Entre affaires policières, vie privée, quête personnelle, les quatre héros de Braquo devront louvoyer, déjouant les pièges des truands et de l'IGS afin de rendre justice à leur mentor.
Série française en huit épisodes créée par Olivier Marchal (à qui l'on doit notamment 36 Quai des Orfères ou MR73) et réalisée par icelui et son compère Frédéric Shoendoerffer (Truands, Agents secrets), Braquo est très fortement influencé par le cinéma et l'univers de son créateur. On y retrouve ce monde en demi-teintes, plus foncées que claires ; ces gueules cassées, abîmées par la vie et un métier impossible ; ce Paris obscur bien loin des cartes postales... Une autre influence que l'on peut ressentir est celle de la série américains The Shield, même si elle est moins présente qu'on ne pourrait le craindre - Braquo possédant son identité propre, ses personnages et surtout un côté très français (dans le bon sens du terme) qui la rend plus familière, plus proche. Procédures, langage, costumes, décors sont des éléments ainsi immédiatement identifiables et c'est avec une certaine surprise que l'on constate à quel point ils sont cinégéniques quand bien utilisés...
Bien que courte, la série est d'excellente facture : c'est du vrai bon boulot et un réel espoir pour l'avenir des série française ! L'univers très cinématographique de Marchal profite réellement à Braquo : chaque épisode bénéficie d'un soin étonnant au niveau technique. La photographie notamment est de toute beauté, nous plongeant dans les bas-fonds de Paris et de ses banlieues avec une crédibilité saisissante. La réalisation est fluide et élégante, brutale quand il le faut (la série n'est pas avare en scènes d'action : fusillades, braquages, assauts policiers, poursuites, etc.). Quant au scénario, c'est une sorte de fresque tragique, nous invitant à accompagner les personnages principaux dans leur inéluctable déchéance. Dialogues et péripéties ont bénéficié d'autant de soin que la réalisation ; c'est réellement du très bon niveau.
Les comédiens sont également très bons, particulièrement bien choisis. En tête, un Jean-Hugues Anglade méconnaissable et d'une très grande justesse en officier de police borderline. Mais ses trois compères (Nicolas Duvauchelle, Karole Rocher et Joseph Malerba) ne déméritent pas et à eux quatre, ils constituent une équipe réaliste, fragile ; entre le jeune chien fou, la femme aux multiples fêlures prise de doutes, le père de famille dépassé qui essaie de faire au mieux. On retrouve même le célèbre cascadeur / chorégraphe Alain Figlarz dans le rôle savoureux d'un truand récurrent, sorte de Némésis de l'équipe, ainsi que Samuel Lebihan qui fait une courte apparition en inspecteur de l'OCRB.
Une histoire solide et intense, une interprétation sans faille, un soin technique digne d'un film : Braquo réunit des qualités rares, voire inexistantes dans le paysage des séries TV françaises. Ce coup d'essai est un coup de maître, se hissant au niveau des meilleurs show US. On ne peut que remercier Olivier Marchal d'avoir eu l'ambition de proposer enfin une série d'une telle qualité, si fortement ancré dans l'identité culturelle française.
Désormais, on attend avec impatience la saison 2 (grande impatience même, vu le cliffhanger sur lequel se termine cette première saison !). Hélas, elle n'arrivera pas avant 2011, Marchal ayant à réaliser le Gang des Lyonnais entre temps...
Une sacrée série noire comme j'aime avec effectivement une tonalité gris foncé pour les protagonistes.
RépondreSupprimerLa preuve qu'en France on peut sortir autre chose que Julie Lescaut ou Navarro.