mardi 3 mai 2011

Squadron Supreme


Souvent, les pseudo-connaisseurs nous expliquent que le comic-book est soudainement devenu intelligent en 1986, avec Watchmen. Evidemment, cette assertion est fausse : le comic-book a su être intelligent dès sa création - et je parle bien du golden age.
Cela dit, lorsqu'on évoque cet âge de la maturité (en citant en général à coup sûr les deux mêmes titres : Watchmen donc et Dark Knight Returns), on oublie presque toujours ce petit chef d'oeuvre qu'est le Squadron Supreme - alors qu'il est la matrice d'à peu près toutes les sagas marquantes de ces 10 dernières années (et je pèse mes mots).

De quoi parle donc Squadron Supreme, mini-série en 12 épisodes ?
Après que leur monde ait subi une importante crise, les super-héros (l'Escadron suprême est composé de copies à peine dissimulées des icônes DC : Hypérion = Superman, Super Princess = WonderWoman, NightHawk = Batman, Whizzer = Flash, Docteur Prisme = Green Lantern...) décident de prendre la situation en main et de faire de la Terre une véritable utopie. Prenant le pouvoir, ils mettent en action un programme politique ambitieux afin d'éradiquer tous les fléaux de l'humanité (crime, famine, maladies...). Mais voilà : ces êtres ont-ils le droit de décider du destin de l'humanité à sa place, juste parce qu'ils en ont le pouvoir et sont animés de bonnes intentions ? Certains membres du groupe démissionnent (notamment NightHawk, le plus humain de tous), refusant de cautionner ce qui est pour eux une dictature de fait - même si bien intentionnée, mais la route vers l'enfer est pavé de bonnes intentions. D'autres se rendent compte en cours de route que le chemin emprunté est le mauvais. Sans compter que les super-vilains ne comptent évidemment pas laisser le champ libre aux héros.
Sans trop spoiler, on devine que tout ça finira mal et le dernier épisode met en scène une bataille amère au cours de laquelle nombre de héros laisseront la vie...

Et oui, dès 1985 (date de parution du premier n° de cette saga), la question était donc posée de l'impact (politique, social...) qu'auraient sur le monde des surhommes décidant de prendre le pouvoir. Lorsque je dis que la génération actuelle de scénaristes doit beaucoup au Squadron Supreme, je n'exagère pas : c'est même à un pillage en règle de la série que se sont livrés bien des titres couverts de louanges. Notamment des blockbusters comme Authority, Ultimates, Identity Crisis, Civil War, Kingdome Come, etc.
Sans néanmoins diminuer la qualité de ces oeuvres, il faut savoir rendre à César et donc remettre en mémoire le Squadron Supreme, ce groupe qui il y a vingt-cinq ans fut le précurseur de tout un courant moderne (voire post-moderne) du comic-book.

Une lecture que je fais plus que conseiller : une oeuvre à lire et relire, surtout si l'on est fan de ce courant. En espérant que Panini se décide à traduire l'omnibus américain, qui contient toute la mini-série + un one-shot final plus anecdotique ainsi que diverses notes et interviews des créateurs.

4 commentaires:

  1. Ah tiens, en lisant le panégyrique que tu en faisais sur Antonio Bay, je me le suis commandé chez mon fourgue habituel. J'ai bon espoir de le recevoir samedi.

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  2. Je l'avais lu à l'époque de sa sortie en mensuel, chez LUG. Très bon souvenir, une histoire bien mélodramatique comme j'aime.

    Pour la petite histoire, les cendres du scénariste (Mark Gruenwald, aussi connu pour Quasar et un long run sur Captain America) ont été dispersées dans l'encre du premier recueil (VO) de Squadron Supreme.

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  3. Ah ben moi j'avais pas lu. Mais je vais lire, et très vite, même.

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  4. Merci pour l'article. Ca m'a donné envie de découvrir cette bd !

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