mercredi 29 février 2012

Green Tiburon : Operacion Déluge atomique


Deuxième - et on espère pas dernier - volume de las Historietas de Green Tiburon, ce nouveau fascicule édité par le Carnoplaste et intitulé Operacion Déluge atomique met à nouveau en scène notre Luchador préféré au sein du dangereux mais si exotique archipel de Los Murcielagos. 

Rappelez-vous : après avoir affronté la pieuvre carnivore de Santa Zanya, notre courageux héros était devenu champion du monde de lucha libre au cours d'un match particulièrement disputé. Le revoici donc pour une nouvelle aventure le mettant cette fois-ci aux prises avec : un savant fou, des martiens envahissants et rien moins que le KGB ! A ses côtés : un mini - un Luchador nain - nommé El Guerrerito de Platino. Je n'en dis pas plus pour ne pas risquer de déflorer une intrigue aussi généreuse qu'improbable en terme de péripéties !
Car tout comme dans le précédent fascicule, c'est en effet là le point fort indéniable de ce récit : la narration (assurée par Green Tiburon himself, avec Julien Heylbroeck à la traduction) coule si naturellement que même les éléments les plus absurdes passent comme une lettre à la Poste. On sent, derrière une écriture nerveuse et rythmée, une véritable admiration de l'auteur pour le genre - la luchasploitation. Ici, pas de second degré ou de ton parodique de mauvais aloi : on n'a jamais l'impression que l'écrivain prend son sujet de haut, bien au contraire ! Un premier degré constant et sincère assorti d'un humour intradiégétique permet au lecteur d'entrer de plein-pied dans un univers pourtant peu familier sous nos latitudes, mais qui est ici excellemment mis en scène et développé. C'est cette passion palpable qui rend si précieuse cette résurgence d'un type de récit qui - comme tout fragment de mythologie populaire, aussi kitch et ridicule puisse-t-il paraître aux yeux des profanes - mérite un véritable respect. 
Bien sûr, on retrouvait déjà cette qualité essentielle dans Green Tiburon contre la pieuvre carnivore de Santa Zanya. Alors qu'en est-il plus précisément de ce Operacion Déluge atomique ? Incontestablement : le rythme de folie. C'est bien simple : j'ai dévoré ce fascicule - pourtant plus épais que le précédent - en une seule soirée ! S'ouvrant sur un affrontement classique mais inattendu dans un récit de luchasploitation (là encore, je vous réserve la surprise), cette histoire fait rebondir chaque chapitre sur le suivant selon une mécanique bien huilée : impossible de s'arrêter en plein milieu tant la tension et l'intérêt vont crescendo ! Green Tiburon combat, enquête, rencontre ses alliés et adversaires, enquête encore, combat toujours, est fait prisonnier, s'évade, résout la situation puis combat à nouveau. C'est classique mais j'imagine que c'est ce que les anglo-saxons appellent un page-turner : un récit que vous ne pouvez lâcher avant d'avoir tourné la dernière page afin d'en connaître le dénouement. 
Operacion Déluge atomique se permet même d'introduire un peu de sensualité via le personnage de Ludmilla - un love interest pour Green Tiburon, mais qui ne se réduit pas à cela. D'ailleurs, entre l'introduction et cette lucha-girl, le ton est donné : alors que le précédent fascicule devant beaucoup à l'horreur classique - entre Lovecraft et la Hammer -, c'est ici James Bond qui est l'inspirateur principal. Une belle preuve de la plasticité du genre !
Bien sûr, impossible de conclure sans toucher un mot des scènes de combat : elles sont aussi nombreuses et variées que bien décrites. Pas de panique si vous ne connaissez rien au catch, le talent descriptif de l'auteur rend absolument tout limpide. C'est dynamique et enlevé, quasi cinématographique (M. del Toro : c'est quand vous voulez pour une adaptation en film, d'ailleurs). Un vrai régal. 

Entre Green Tiburon contre la pieuvre carnivore de Santa Zanya et Operacion Déluge atomique est sorti le jeu de rôle Luchadores (chez le dynamique éditeur Pulp Fever), qui prend place à Los Murcielagos et propose d'interpréter des lutteurs masqués défendant cet archipel so sixites contre les horreurs vomies par l'Espirale Grande. 
Bien entendu, les deux fascicules cités sont non seulement d'excellents inspirations (même auteur, même univers, même approche du genre) mais aussi et surtout des scénarios qui ne demandent qu'à être adaptés pour y lancer les personnages amoureusement créés par les joueurs. 

Si vous avez soif d'exotisme et que vous avez envie de lire un récit qui ne ressemble à aucun autre, je ne peux que vous encourager à commander Operacion Déluge atomique. Mais je suis bien certain que vous avez déjà sorti votre carte bleue avant même de lire ce modeste billet : rien que la vision de la sublime couverture de Willy Favre vous aura convaincu de débourser vos €uros. 
En attendant les opus suivants de la saga de Green Tiburon, bonne lecture ! 

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