New York Gigant

Il y a de cela fort longtemps, j'avais un projet de jeu de rôle dans lequel les joueurs pourraient incarner des héros de la mythologie grecque (d'Achille à Ulysse en passant par Hercule) projetés à notre époque, pour y affronter une menace à leur légendaire hauteur. Mais avant que je ne puisse faire plus que jeter quelques idées sur le papier, White Wolf sortit Scion - qui reprenait peu ou prou le même concept de transposition des mythes antiques dans notre monde moderne. J'abandonnai donc mon projet en me disant que le créneau était à présent occupé par un jeu qui s'annonçait des plus prometteurs - pitch et couverture donnaient vraiment très envie ! 

Et la douche froide... Scion était - selon mon humble opinion - un pétard mouillé. Aucune cohérence dans l'utilisation de la mythologie, juste une demi-douzaine de panthéons empilés les uns sur les autres afin de satisfaire à la construction par clan coutumière de cet éditeur, aucune logique dans la description (quasi absente d'ailleurs) de l'univers (que provoque dans la société l'apparition de demi-dieux et monstres ? les forces de l'ordre s'y intéressent-elles ? et les divers monothéismes ?) et un système de jeu se voulant héroïque mais qui ne parvenait qu'à être archi-lourd. 

C'est peu dire que j'étais fortement déçu et d'autant plus contrarié de devoir abandonner mon idée première - qui aurait de toute façon pâtit de l'ombre de ce blockbuster. Mais comme dirait l'Oracle de Delphes : tout vient à point pour qui sait attendre !

J'écris dans Casus Belli (version 4) depuis le n°9 grâce à mon ami Laurent Devernay qui - faute de temps - me céda alors sa rubrique "le coin des comics". Je tenais scrupuleusement cette rubrique quand un jour, les entités immanentes qui dirigent ce mook rôliste s'adressèrent à moi de leur voix mélodieuse, m'éclairant le visage d'une lueur toute céleste. Ces êtres indicibles me demandèrent d'écrire pour le n°12 de leur magazine un petit univers pour les Chroniques oubliées - le système de jeu maison dérivé du D20. J'avais le choix entre la mouture classique - fantasy - et celle dite des Chroniques contemporaines. J'acceptai bien sûr de bon cœur ; il me restait juste à réfléchir à ce que j'allais proposer. 

Grâce aux conseils avisés d'un vieil ami (Sébastien, si tu nous lis !), mon vieux projet "mythes antiques et monde moderne" me revint en mémoire. Je décidai donc de le développer dans la place qui m'était impartie et c'est ainsi que fut créé le contexte de jeu New York Gigant.

De quoi parle donc New York Gigant ? 

Les dieux de l'Olympe se sont éloignés de notre monde depuis longtemps. Leur oeuvre sur Terre s'affaiblit peu à peu - dont notamment les Enfers. Au plus profond du Tartare, les Géants secouent leurs chaînes et parviennent à s'enfuir. Leurs âmes immortelles commencent alors à se réincarner dans des embryons humains et bientôt, une nouvelle génération de Géants s'élève - à New York City. 

Pour une raison mystérieuse, aux Champs-Elysées, les grands héros de l'antiquité sont éveillés à leur tour et envoyés s'incarner de la même façon que les Géants. Et pendant ce temps-là, les monstres issus des anciens mythes grecs quittent leurs cachettes pour se rendre eux aussi dans la Grosse Pomme.

Tout semble prêt pour une nouvelle Gigantomachie mais cette fois-ci, la bataille se présente sous un nouveau jour. Loin de n'être que des brutes stupides, les Géants sont à présent chefs d'entreprises à la pointe des nouvelles technologies, haut-gradés de la police, conseillers politiques ou leaders de la mafia. Quant aux héros, ils sont perdus : ils ne savent pas qui les a tirés de leur éternel sommeil ni pour quelle raison. Tout au plus peuvent-ils compter sur l'oracle : une mystérieuse personne qui les guide en leur laissant des messages par mail ou texto et qui tient à leur disposition tout un site underground pour les orienter dans la bonne direction. 

Et bien des mystères subsistent... Pourquoi tout ce beau monde se rassemble-t-il à New York ? Qui a éveillé les héros ? Qu'est donc l'oracle ? Quelle est cette Brigade NYX qui enquête sur tous les faits relatifs à la nouvelle Gigantomachie ? Et si les Géants ont pu s'enfuir du Tartare, pourquoi les Titans n'en font-ils pas autant ? 

Du point de vue technique, New York Gigant est motorisé par les Chroniques oubliées dans son itération contemporaine (présentée dans Casus Belli n°8 à 11). Je dois ici rendre hommage à Laurent "Kergon" Bernasconi qui a fait un excellent travail sur les quelques règles afférentes à ce contexte. Il a su parfaitement répondre à mes attentes en proposant des Voies inédites qui collent idéalement à mon décor de jeu. Pour les réfractaire à ce système, sachez que la partie technique de New York Gigant est minime et qu'il sera donc aisé de convertir ce petit univers à des règles maison ou adaptées d'un autre jeu - même si ce serait dommage au vu du très bon boulot effectué par le camarade suscité.  

Un petit scénario d'introduction conclut New York Gigant et permet d'envoyer les héros sur les traces d'un artefact-clé de la Gigantomachie à venir. Quelques prétirés permettent d'ailleurs de se lancer à l'aventure immédiatement ! 

Et le tout est sublimement illustré par David Demaret - croyez-moi, ça envoie du bois ! Cf. le petit échantillon en fin de billet. 

Voilà, vous trouverez donc New York Gigant dans le n°12 de Casus Belli - en PDF en fin de semaine pour les abonnés et en version papier d'ici peu. J'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire - et le jouer ! - que j'en ai eu à l'écrire.

Et sachez que si ça vous a plu, New York Gigant pourrait revenir dans un prochain n° de Casus Belli avec la suite du scénario et de nouveaux développements du contexte. 

A bientôt donc !